Traité Théologico-politique
Dans cet ouvrage, Spinoza veut se racheter aux yeux du vulgaire. Il veut expliquer à la fois qu'il n'est pas athé, que sa foi il la tire de la Bible (ancien + nouveau testament), que philosopher (raisonner) n'est contraire ni à la religion, ni à l'état. Il montre même le contraire : raisonner est utile car par son raisonnement il montre l'utilité de la religion et dit pourquoi on doit obéir à l'état. Cependant, Spinoza montre que la vraie religion n'est pas celle enseignée, que la Bible est écrite de main d'hommes avec des erreurs et il pense que le meilleur état est la démocratie. Ceci ne devait pas plaire à tous à son époque !
Vous pouvez lire uniquement les chapitres qui vous intéressent de ce livre (voir table des matières) après avoir lu l'introduction comme le dit si bien Spinoza lui-même :
Introduction du Traité Théologico-politique
Tel est, Lecteur Philosophe, l'ouvrage que je te donne à examiner avec la conviction qu'en raison de l'importance et de l'utilité de son objet, qu'on le prenne dans sa totalité de son objet ou dans chacun de ces chapitres, il ne recevra pas de toi mauvais accueil.
Il est à noter que le chapitre XVI ne fait référence à la religion, ni à la Bible. Il explique en dehors de ces notions l'intérêt pour l'homme devivre en société et les concessions qu'il doit faire pour y parvenir.
Regardez aussi cette page.
Laissons à Spinoza lui-même nous dire ce qu'il y a dedans :
Introduction du Traité Théologico-politique
contenant quelques dissertations où l'on fait voir que la liberté de philosopher non seulement peut-être accordée sans danger pour la piété et la paix de l'Etat, mais même qu'on ne peut la détruire sans détruire en même temps la paix de l'Etat et la pièté elle-même.
La table des matières est déjà en soit un très bon résumé (fin du recueil), bien qu'il y manque la substance de l'ouvrage.
Spinoza commence par nous dire que Dieu est (est à l'origine de) l'ensemble des lois de la nature. A partir de là, il ne peut y avoir aucun miracle voulu par Dieu. En effet, il se contredirait lui-même en modifiant la substance de la nature pour faire un miracle. Cependant, il est possible qu'il ait guider certains prophètes afin d'aider le peuple des Hébreux à survivre, à se gouverner (loi donnée à Moïse). Les interprétations, les visions prophétiques montrent que Dieu n'a pas d'image. En effet tous l'ont vu selon leur imagination. Les interprétations prophétiques montrent que les prophètes s'expriment avec leur propres mots, avec leur façon de concevoir le monde.
Il montre par la suite que toutes les paroles prophétiques, tout le mesage biblique vont dans le sens de la raison, de la philosophie. La loi divine n'est autre chose que le code de bonne conduite indispensable aux hommes pour profiter en commun pleinement de la société. Ce code peut se trouver par la réflexion. Mais comme tous n'ont pas les moyens d'y arriver, il est indispensable de faire que tous y adhèrent tout de même. De ce fait, les cérémonies, la piété religieuse sont indispensables au vulgaire pour ne pas avoir un comportement contraire à la société.
Pendant ce temps, Spinoza expose sa connaissance des textes bibliques : ancien puis nouveau testament. Il montre que les auteurs ne sont pas obligatoirement ceux que la tradition a retenus. Il montre que les écrits comportent des erreurs, déjà sur le plan mathématique et le décompte des années : ces arguments sont irréfutables. Il fini par nous montrer que le nouveau testament est la suite logique de l'ancien : le message divin passe de Juif à mondial.
Spinoza nous explique pourquoi et comment l'homme vit en société. L'homme donne un peu de son droit, son pouvoir, sa liberté, sa nature à la société car elle lui en rend plus. De ce fait, pour que l'homme consente à ce dont, il est important que l'état lui rende son du, sinon la pérénité de l'état n'est pas assurée. Spinoza nous explique aussi qu'il est impossible à un état stable d'interdire à ces citoyens de dire ce qu'ils pensent. Mais par contre il assure que même si on pense que les décisions prises ne sont pas les bonnes sont doit s'y plier jusqu'à ce qu'on en adopte des meilleures : on peut dire ce qu'on pense, mais on ne peut aller contre les lois sans remettre en cause la stabilité de l'état. Il montre sans le dire que la meilleure forme de gouvernement est un gouvernement démocratique : on doit se plier à la majorité.
Les extraits ainsi que les pages du "Traité Théologico-politique" sont tirés de l'édition GF-Flammarion traduit par Charles Appuhn.
Les premiers à critiquer les penseurs, philosophes sont ceux qui refusent de comprendre, de savoir.
Fin du premier paragraphe du chapitre II
Les choses en sont venues hélas! à tel point que les hommes faisant ouvertement profession de n'avoir aucune idée de Dieu et ne le connaître que par les choses crées (dont ils ignorent les causes), ne rougissent pas d'accuser les Philosophes d'athéisme.
La connaissance permet demieux faire le bien.
Chapitre IV
Qui fait le bien en effet, nous l'avons montré déjà, par connaissance vraie et amour du bien agit librement et d'une âme constante ; qui au contraire le fait par crainte du mal, agit contraint par le mal qu'il redoute et en esclave, vit sous le commandement d'autrui.
L'orgueil des dirigeants de l'Église était, est et sera la cause de ses erreurs.
Chapitre IV
Cherchant donc la cause de ce mal, je n'ai pas hésité à reconnaître que l'origine en était que les charges d'administrateur d'une église tenues pour dignité, les fonctions de ministre du culte devenue des prébendes, la religion a constitué pour le vulgaire à rendre aux pasteurs les plus grands honneurs.Dès que cet abus a commencé dans l'église en effet, un appétit sans mesure d'exercer les fonctions saccerdotales a pénétré dans le coeur des plus méchants, l'amour de propager la foi en Dieu a fait place à une ambition et à une avidité sordides, le Temple même a dégénéré en théatre où l'on attendit non des docteurs, mais des orateurs d'Eglise dont aucun n'avait le désir d'instruire le peuple, mais celui de ravir l'admiration, de reprendre publiquement des dissidents...Certes, s'ils possédaient seulement une étincelle de la lumière divine, ils ne seraient pas si orgueilleux dans leur déraison, mais apprendaient à honorer Dieu de plus sage façon et, comme aujourd'hui par la haine, l'emporterait sur les autres par l'amour ; Ils ne poursuivraient pas d'une si âpre hostilité ceux qui ne partagent pas leurs opignons, mais plutôt auraient pitié d'eux - si du moins c'est pour le salut d'autrui et non pour leur propre fortune qu'ils ont peur.
Comment tirer à boulets rouge sur les traditions !
Chapitre IV
Nous voyons (: 3°) que cette loi divine naturelle n'exige pas de cérémonies rituelles, c'est à dire d'actions qui en elles mêmes sont indifférentes et ne sont appelées bonnes qu'en vertu d'une institution, ou qui figurent un bien nécessaire au salut, ou, si l'on préfére, n'exige pas d'actions dont la justification surpasse l'humaine compréhention.
Chapitre V
Quant aux cérémonies du culte chrétien telles que le Baptème, la Communion de Seigneur, les fêtes, les oraisons externes et toutes celles qui peuvent exister en outre, et sont et ont toujours été communes à tous les chrétiens, si elles ont été instituées par le Christ ou les Apôtres (ce qui à mes yeux n'est pas encore bien établi), elles l'ont été à titre de signes extérieurs de l'Église universelle, non comme des choses qui contribuent à la béatitude ou qui aient en elles-mêmes aucun caractère sacré.
Ceci il ne l'a pas démontré comme il le fait habituellement, ça suit simplement sa démontration sur les rites Juifs. Cette démonstration arrivent aux mêmes conclusions et par déduction, il écrit ça sur les cérémonies chrétiennes. Au cours de ma lecture du Traité Théologico-politique" je me demande si je n'ai pas une approche très spinoziste de la foi.
Avant même l'arrivée des Témoins de Jéhovah et autres mouvements chrétiens semblables (surtout américains), Spinoza les sentait déjà arriver. Voyez les mots qui suivent. Les mouvements intégristes/traditionnalistes feraient bien de les méditer !
Chapitre VII
Une ambition criminelle a pu faire que la religion consistât moins à obéir aux enseignements de l'Esprit-Saint qu'à défendre des inventions humaines, bien plus qu'elle s'employât à répendre parmi les hommes non la charité, mais la discorde et la haine la plus cruelle sous un déguisement de zèle divin et de ferveur ardente. [...] Ainsi donc en vient-on à réver que de très profonds mystères sont cachés dans les livres saints et l'on s'épuise à les sonder, négligeant l'utile pour l'absurde ; et tout ce qu'on invente dans ce délire, on l'attribue à l'Esprit-Saint et on tache de le défendre de toutes ses forces, avec l'ardeur de la passion.
Pour ceux qui veulent faire dire n'importe quoi à la Bible (en gros, les mêmes que tout à l'heure) :
Chapitre XII page 218
C'est la superstition intolérable née de ces prétendus mystères(*) [...] qui m'ont fait juger de ne pas différer l'examen de ces questions ; d'autant que la Religion n'a aucun besoin des ornements de la superstition, mais qu'au contraire on lui ravi sa splendeur en la parant de semblables fictions.[...]. Pour moi je crains au contraire que par une ardeur excessive de sainteté on ne dégrade la Religion en supertition, qu'on se prenne, dirais-je à adorer des simulacres et des images, du papier noici, au lieu de la Parole de Dieu.
(*) : mystères cachés dans les écritures.
Le côté automate des fanatiques est dénoncé par Spinoza :
Chapitre XIII page 232
Les choses invisibles, en effet, et qui sont les objets de la pensée seulement, ne peuvent être vues par d'autres yeux que les démonstrations. Qui donc n'a point de démonstration ne voit absolument rien de ces choses et tout ce qu'il rapporte comme l'ayant entendu sur des objets de cette sorte, n'a pas plus de relation avec la pensée et ne l'exprime plus que les paroles d'un perroquet ou d'un automate auxquelles ne s'attache ni sens ni pensée.
Il nous prévient aussi qu'il ne faut pas prendre la Bible à la lettre, il faut remettre les écrits dans leur contexte. Sinon, il y a des dérives.
Chapitre XIV page 239
Car si on accepte indistinctement tout le contenu de l'Écriture comme une doctrine universelle et absolue sur Dieu, si on a pas pris soin de distinguer avec exactitude ce qui est adapté à la compréhension du vulgaire, il sera impossible de ne pas confondre avec la doctrine divine les opinions du vulgaire, de ne pas donner pour enseignement divin ce qui invention de l'homme et décisions lui agréant, et de ne pas abuser de l'autorité de l'Écriture. Comment, dis-je, ne pas voir que c'est là surtout ce qui fait que tant d'opinions, et de si contraires, sont enseignées comme articles de foi par les fondateurs de sectes et appuyées de nombreux exemples pris dans l''écriture ; d'où se proverbe depuis longtemps ,en usage en Hollande : geen ketter zonder letter (pas d'hérétique sans lettres) ?
Cette fois, voici qu'il nous explique notre proverbe "la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres".
Chapitre XVI page 264
et l'on verra très clairement que pour vivre dans la sécurité et le mieux possible les hommes ont dû nécessairement aspirer à s'unir en un corps et ont fait par là que le droit de chacun avait de Nature sur toutes les choses appartînt à la collectivité et fût déterminé non plus par la force et l'appétit de l'individu mais par la puissance et la volonté de tous ensemble. Ils l'eussent cependant tenté en vain s'ils ne voulaient suivre d'autres conseils que ceux de l'appétit (en vertu de ses lois en effat chacun est entrainé dans un sens différent) ; il leur a donc fallu, par un établissement très ferme, convenir de tout diriger suivant l'injonction de la Raison seule (à laquelle nul n'ose contredire ouvertement pour ne paraître pas dément), de refréner l'Appétit, en tant qu'il pousse à causer du dommage à autrui, de ne faire à personne ce qu'ils ne voudrait pas qui leur fût fait, et enfin de maintenir le droit d'autrui comme le sien propre.[...]. C'est à dire chacun, de deux biens choisira celui qu'il juge être le plus grand, et de deux maux celui qui paraîtra le moindre.
Où on voit qu'il est impossible de museler complétement la population.
Chapitre XX page 328-329
Si donc personne ne peut renoncer à la liberté de juger et d'opiner comme il le veut, et si chacun est maître de ses propres pensées par un droit supérieur de Nature, on ne pourra jamais tenter dans un État, sans que la tentative ait le plus malheureux succès, de faire que les hommes, d'opinions diverses et opposées, ne disent cependant rien que d'après la prescription du souverin ; même les plus habiles, en effet, pour ne rien dire de la foule, ne savent se taire.[...] ce gouvernement sera donc le plus violent [...] ; au contraire, un gouvernement est modéré quand cette liberté est accordée à l'individu.
La sagesse aurait pu éviter bien des divisions d'après Spinoza.
Chapitre XX page 333
Combien de schismes enfin sont nés dans l'Èglise surtout de ce que les magistrats ont voulu mettre fin par des lois aux contreversent des docteurs ! Si en effet les hommes n'étaient pas dominés par l'espoir de tirer à eux les lois et les magistrats, de triompher de leurs adversaires aux applaudissements du vulgaire, et de recueillir les honneurs, ils ne combatraient pas avec tant de malveillance, leur âmes ne seraient pas agitées d'une telle fureur.
Spinoza parle de démocratie et de décisions prises à la majorité.
Chapitre XX page 334
Dans un état démocratique (c'est celui qui rejoint le mieux l'état de la nature) nous avons montré que tous conviennent d'agir par un commun décret, mais non de juger et de raisonner en commun ; c'est-à-dire, comme les hommes ne peuvent penser exactement de même, ils sont convenus de donner force de décret à l'avis qui rallierait le plus grand nombre de suffrages, se réservant l'autorité d'abroger les decisions prises sitôt qu'une décision meilleure leur paraîtrait pouvoir être prise.