L'Eglise vue par le Concile Vatican II
Aumônerie ECL - ESCL. 1993
Un concile est provoqué par une situation de crise ; pour Vatican II, cette crise résulte des courants de pensée qui ont ébranlé l'Eglise depuis le début du XXème siècle : marxisme, Freud, linguistique... (ainsi que de l'horreur de la 2ème guerre mondiale et du nazisme). Un concile est un acte apostolique. Ses affirmations dogmatiques sont irréformables. Le premier concile s'est tenu vers 49 ap. J.C. ; le concile Vatican I date de 1864.
Vatican II s'est, lui, déroulé de 1962 à 1965. Il regroupait 2500 évêques venant du monde entier : Asie, Afrique,...
Il faut noter que ce concile s'adresse à tout homme et que ce document s'appuie sur la Bible et les Pères de l'Eglise.
"Plus que tout autre, nous avons le culte de l'homme"
Cette phrase traduit bien la volonté de l'Eglise d'entrer dans la société, dans le monde moderne qui l'entoure. Ce concile se caractérise aussi par le désir de se purifier des superstitions et d'avoir une adhésion de plus en plus critique, personnelle, raisonnée à la parole de Dieu.
Pour la première fois, l'Eglise élabore une formulation systématique sur son ecclésiologie : réflexion construite sur ce qu'est l'Eglise.
Le concile veut annoncer la Bonne Nouvelle à toute la création. Cette annonce doit se faire à travers l'Eglise qui est sacrement, c'est-à-dire signe de l'Evangile. Eglise = "règne de Dieu déjà mystérieusement présent" (cf. "Les signes du Royaume").
Le concile promulgue la vie de l'Eglise et non l'inverse ! Il est cependant la continuité d'une réflexion, d'une évolution de l'Eglise. L'Eglise est en premier lieu porte-parole de la Bonne Nouvelle et non de valeurs ou d'une doctrine. Mais, lorsqu'on veut vivre cette Bonne Nouvelle, il faut structurer : donner des valeurs, une morale.
"Eglise" a repris le sens de peuple de Dieu de l'Ancien Testament. Elle est le seul médiateur entre Dieu et les hommes. "Détruisez ce temple, je le reconstruirai en trois jours" : cela signifie que la communauté est le temple de Dieu, nouveau mode de présence de Dieu au monde (cf. le thème de la Jérusalem nouvelle dans l'Apocalypse 21).
A l'origine, il y a la Nouvelle Alliance proposée par Dieu, c'est-à-dire la possibilité donnée à l'Homme d'accéder à la vraie vie, la vie en Dieu. Cette proposition est faite à tout homme, sans exception : nous avons cette proposition en nous (sans le savoir peut-être) : l'homme est le temple de l'Esprit Saint (cf. 9 et 13 : "A faire partie du peuple de Dieu, tous les hommes sont appelés").
=> Présence réelle de Dieu en tout homme, pas seulement les chrétiens !
Peuple élu : ce n'est pas une notion de race, de nation, cela n'est pas géopolitique ; c'est le peuple qui adhère à la parole de Dieu. C'est une réalité en train d'advenir.
Peuple de Dieu : réalité historique de ce peuple en devenir.
Il est fondamental de remarquer que l'Alliance est proposée à un peuple, c'est-à-dire à un groupe organisé et non à des individus. L'Eglise, en tant qu'assemblée d'hommes, est donc dépositaire de la parole de Dieu. La vie de foi est générée par la communauté et s'élabore par une réflexion commune. C'est par le dialogue, l'échange de vérités trouvées par les uns et les autres que doit être érigée une vérité commune à laquelle ensuite chacun peut adhérer par la foi.
Cette communauté doit aussi être signe de Dieu pour le monde et ainsi accomplir pleinement sa foi. (cf. 17 : "Le caractère missionnaire de l'Eglise").
(NB : il reste encore à savoir par quels moyens le chrétien doit-il annoncer la Bonne Nouvelle ! peut-être "en se purifiant, en se renouvelant"...)
=> primordialité de la communauté, sacerdoce commun à tous les croyants.
La collectivité des fidèles ne peut donc errer dans la foi. et c'est la réflexion qui peut préserver de cette errance. Mais pour que cette réflexion soit cohérente pour toute l'Eglise il faut un ministère. Celui-ci permet de faire le lien à la fois dans le temps et dans l'espace entre les différentes communautés : c'est la tradition apostolique (tradere = transmettre). Le ministère est donc garant de l'interprétation des signes ; il assure aussi l'unité de l'Eglise. Ce dernier thème est très présent dans Vatican II.
Il faut faire attention à ne pas se tromper sur le véritable sens de la hiérarchie catholique (on transpose à l'Eglise des images de notre société qui parle souvent de hiérarchie pyramide...) : la finalité de cette hiérarchie est le service de la communauté. Le Pape n'est pas un chef ! (l'instance la plus importante dans l'Eglise romaine est l'assemblée collégiale des évêques). Le ministère n'a de sens que pour et par la communauté : les prêtres n'ont pas le droit de célébrer l'Eucharistie seuls (cf. 10 : "Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel (...) sont cependant ordonnés l'un à l'autre").
Le premier travail de cette structure est de maintenir la communauté dans le même esprit. Pour cela, il n'y a pas de mesures disciplinaires, mais la méditation, la prière la recherche spirituelle, intellectuelle.
C'est par les différentes caractéristiques du rôle de la hiérarchie et du ministère que l'Eglise peut se différencier de toute secte (< sectus = secteur, c'est-à-dire qui ne voit qu'une partie des choses) et se prémunir de l'errance en dehors de la parole de Dieu.
attachement à ce qui a déjà existé ; psychologiquement: structures qui font que le changement est toujours perçu comme négatif.
problème de la confusion entre le signifiant et le signifié : certains considèrent que si on jette la forme, on jette le sens avec. Ex.: les chrétiens primitifs qui croyaient à la fin imminente du monde parce qu'on avait détruit le temple de Jérusalem.
On peut facilement mobiliser des gens par la religion ; le thème religieux permet de constituer une force politique : utilisation pervertie de la foi.